Mini Transat

Pour de très nombreux concurrents, La Boulangère Mini Transat est une parenthèse improbable dans leur vie. Un espace ouvert sur un rêve réalisé, une aventure à achever pour se sentir vivant. Pour certains, c’est aussi un objectif sportif, avec de vraies ambitions de résultat et nombreux sont les prétendants à la victoire, aussi bien chez les Proto que chez les Série. Petit tour d’horizon des forces en présence.

La Boulangère Mini Transat est synonyme d’aventure avec un grand A. Et pour cause, traverser l’Atlantique en solitaire, sans assistance et sans moyens de communication, reste un défi singulier. Réussir à aller au bout est le premier challenge pour les concurrents, y compris pour ceux qui viennent avec des ambitions de résultat. « Pour gagner, le premier truc, c’est d’arriver », rappelle justement Léo Bothorel (987 – Les Optimistes – Secours Populaire 17), assurément l’un des grands favoris de cette 24e édition chez les Série après avoir notamment remporté la Plastimo Lorient et la Les Sables – Horta – Les Sables en 2022, mais aussi la Puru Transgascgone cette saison. « Je travaille depuis quatre ans sur ce projet mené en double avec Romain Le Gall dans le but d’être le plus prêt possible au départ. Je vise clairement le podium. Il n’y a rien pour quoi je me dis « mince, j’aurais dû » ou « j’aurais pu ». Je pense avoir réussi à réunir les conditions pour me battre à armes égales avec les autres prétendants au podium », relate le Rochelais, bien conscient toutefois que ces derniers sont nombreux. Entre dix et quinze selon les pronostiqueurs. Parmi ceux que l’on peut citer sans se tromper, on peut notamment évoquer Thomas André (929 – Diwan.bzh), Ulysse David (1025 – EQUANS), Hugues de Prémare (1033 – Technip Energies – International Coatings), Damien Fleury (947 – Utopik Recherche Partenaires), Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aerofab), Félix Oberlé (1028 – Mingulay), Yaël Poupon (1051 – Bihannic – Allentis), Adrien Simon (1038 – Faun) ou encore Djemila Tassin (992 – Antistene). « Le niveau est très homogène. On va évidemment retrouver ceux qui se sont d’ores et déjà affirmé sur les courses d’avant-saison mais on va aussi, à coup sûr, en découvrir d’autres qui vont se révéler au large », assure Léo Bothorel.

Des statuts assumés
Un sentiment partagé par Thomas André. « Hormis quelques-uns comme Djemila qui a déjà participé à la course il y a deux ans, on est nombreux à partir un peu dans l’inconnu. On ne sait pas encore ce que c’est de prendre les grains, de jouer les bascules ou d’être écrasé de chaleur dans les alizés. C’est quand même un peu spécial de ne pas savoir vraiment à quoi s’attendre ! », détaille le Brestois, issu de la voile olympique et donc, par définition, doté d’un sens aigu de la compétition. « A date, je ne me suis encore jamais lancé dans un projet sportif sans être engagé pour la victoire. Pour moi, il est important de prendre le départ de cette La Boulangère Mini Transat en étant convaincu de pouvoir jouer la gagne », commente l’ancien champion de 470, en ce sens, rejoint d’une certaine manière par Ulysse David. « Partir avec l’étiquette de favori, c’est avoir déjà fait une bonne partie du chemin. Cela veut dire que l’on a un bateau prêt et que l’on a montré des qualités lors des épreuves de préparation. En somme, c’est bon signe ! », commente de son côté le parisien, 3e de la Mini en Mai et 4e de la Les Sables – Les Açores – Les Sables en 2022, mais également 2edu Trophée Marie-Agnès Péron et de la Puru Transgascogne cette saison. « Maintenant, c’est entre Les Sables d’Olonne et Saint-François que ça va se jouer. Il va falloir composer au mieux avec la météo et on sait qu’en Mini, ce n’est pas toujours ce que l’on a de plus précis et de plus fiable à bord. Ce qui est certain, en tout cas, c’est que ça va être une chouette course ! », assure le skipper du plan Raison EQUANS qui s’attend à régater au contact, tout comme Adrien Simon. « On se connait tous. On bataille ensemble depuis deux ans. On sait qui va vite et qui est capable de jouer devant », assure l’ancien membre de l’équipe de France de 29er qui reconnait que terminer dans le Top 10 des bateaux de Série lors de cette édition sera déjà un tour de force au vu du plateau. « Ce qui fera la différence ?  Il ne faudra rien casser et ne rien lâcher. Le niveau d’engagement des uns et des autres sera à coup sûr déterminant ! »

Du grand match à venir
Du côté des Proto, le match s’annonce tout aussi disputé avec, là encore, une dizaine de favoris. En tête de liste, Federico Waksman (1019 – Repremar – Shipping Uruguay), auteur, cette saison, d’un presque sans-faute avec trois victoires et deux deuxièmes places sur l’ensemble des cinq courses auxquelles il a participé. « Je suis prêt mais je n’oublie pas qu’en course au large, tout peut arriver. Je l’ai d’ailleurs bien vu lors de ma première participation il y a deux ans (21e en Série). Il y a beaucoup de skippers talentueux mais aussi des bateaux très performants sur cette édition. Certains qui ont prouvé qu’ils étaient plus rapides que le mien. En conséquence, il est difficile de faire des pronostics », annonce l’Uruguayen qui pourrait devenir le premier représentant de son pays et même le premier Sud-Américain à inscrire son nom au palmarès de l’épreuve. Reste que ça se bouscule méchamment au portillon. Ses principaux rivaux seront très certainement Julien Letissier (1069 – Frérots Branchet), Robinson Pozzoli (1026 – Uoum), Laure Galley (1048 – DMG MORI Sailing Academy 2), Marie Gendron (1050 – Léa Nature) mais aussi Caroline Boule (1067 – Nicomatic) et Carlos Manera Pascual (1081 – Xucla), tous les deux équipés de bateaux à foils, sans oublier Jacques Delcroix (753 – Actual), Uros Krasevac (759 – Ashika II) et Hubert Maréchal (787 – Osons Ici et Maintenant), susceptibles de leur tenir la dragée haute avec leur « bouts pointus ». « Parmi les prétendants à la victoire, nous sommes quatre à avoir déjà l’expérience de la course, en 2019 ou 2021 : Marie, Federico, Carlos et moi. Cela nous permet de savoir que les retournements de situation risquent d’être nombreux et que tant que la ligne ne sera pas franchie, il y aura moyen de revenir ou, à l’inverse, de se faire rattraper. Le terrain de jeu est immense. Les bateaux sont très différents mais finalement très proches en termes de performance, avec chacun leurs atouts et leurs points plus faibles. Tout cela promet de la belle bagarre. Sans doute même une belle séance de match-racing au milieu de l’Atlantique ! Ça va être un régal ! », assure Julien Letissier qui s’attend, comme beaucoup, à ce que le classement se joue à la minute près.

Du match racing à l’échelle Atlantique
De fait, les écarts sur les courses d’avant-saison, à l’image du Trophée Marie-Agnès Péron ou de la Plastimo Lorient se sont même joués à la seconde. « A celui qui est aujourd’hui capable de donner le podium, je lui tire mon chapeau et ça tombe bien car si le match était plié avant même le départ, ce ne serait assurément pas drôle. En 2022, Pierre Le Roy (le vainqueur de la dernière édition, ndlr) écrasait encore un peu tout le monde mais depuis, chacun a bien bossé et le niveau est monté d’un gros cran. Les arrivées, cette saison, se sont effectivement souvent jouées à la photo finish », confirme Laure Galley qui pourrait, pour sa part, devenir la première femme à s’imposer dans l’épreuve. « On peut s’attendre à ce que ça bataille jusqu’à la fin ! », avance la skipper Rétaise, compétitrice dans l’âme et rompue à l’exercice de la régate au contact. « Chacun à ses qualités. Pour ma part, je n’ai pas laissé beaucoup de place au hasard dans mon projet. Mon bateau est le fruit de toute l’expertise que j’ai pu acquérir sur le circuit Mini 6.50 ces cinq dernières années. Je n’ai jamais été aussi bien préparé et aussi prêt. Il va clairement y avoir une grosse bagarre. La victoire est un objectif mais prendre un maximum de plaisir lors de la traversée en est un également, et en général ils vont de pair ! », termine Carlos Manera Pascual. Alors, les favoris arriveront-ils à tenir leur rang ?  Qui parviendra le mieux à déjouer tous les pièges de l’Atlantique ? Pour l’heure, impossible de répondre. Une première tendance se dessinera à l’issue de la première étape aux Canaries début octobre, et le résultat final sera connu début novembre, à Saint-François. En attendant, les paris sont ouverts !