Mini Transat

Alors que le départ de la première étape sera donné ce lundi à 13h30, les 90 marins ont quitté le ponton Vendée Globe dans la matinée pour rejoindre la zone de départ. Un moment à part. Le temps des embrassades, du stress que l’on cache comme on peut, et des larmes qui s’échappent au moment des « au revoir ». Extraits.

Départ ponton Les Sables d’Olonne

Willy Muller (1029 – Tars) : « J’ai vraiment hâte d’y aller. On part dans des conditions très légères. C’est super pour les bateaux à bout pointu. C’est notre jour, le coup d’éclat c’est aujourd’hui ! (Rires) On va avoir une nuit un peu compliquée, avec des phases de transitions à négocier. Ça va être bien prenant mais il va falloir réussir à caser du sommeil pour être en forme ensuite, quand le vent va rentrer. Il va falloir marcher sur le fil. Au cap Finisterre, il y aura plus de vent mais ça devrait vraiment bien se passer contrairement à si on était partis dimanche comme prévu. C’est super rassurant. Moi, je pars avant tout pour m’amuser et pour arriver aux Canaries. Le but c’est avant tout de finir cette première étape. Je me permettrai d’être plus agressif sur la deuxième. Malgré tout, si j’arrive à faire dans les premiers pointus, je serai super content. On est onze et au moins six à vouloir être premier. Ce que j’attends, c’est un beau match plus qu’une belle place au final. »

Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aerofab) : « Les émotions sont mêlées. Il y a plein de choses dans les têtes, forcément. Je suis très content d’être là. C’est vrai que ça fait deux ans qu’on bosse pour ça. Ce n’est pas illégitime d’être là mais c’est quand même une belle chance. On part finalement dans des conditions assez chouettes. Le topo, c’est qu’on part avec du vent faible et que l’on va avoir deux rotations de vent à gérer avant d’atteindre le way-point. Sur le papier, ça me va pas mal. On verra ce que ça donne sur l’eau. Je ne me mets vraiment pas de pression car je n’ai pas envie de ça. Ça devrait être assez long compte tenu du schéma météo. J’ai pris un petit peu plus de nourriture que prévu. J’ai de quoi faire pour douze jours. C’est large mais je pense que prendre moins n’est pas une économie utile. Sur la Les Sables – Les Açores – Les Sables, j’avais constaté que l’alimentation était un peu le moteur de la bonne humeur. Cette première étape est importante car elle permet de se « qualifier » pour la deuxième. Elle promet d’être très intéressante, avec beaucoup de coups à jouer et une météo très incertaine après le passage du front dans la journée de mercredi. »

Félix Oberlé (1028 – Mingulay) : « C’est le jour J et c’est beaucoup d’émotions. On ne sait pas vraiment à quoi s’attendre. On sait qu’il va y avoir plein d’imprévus. On essaie de s’y préparer mais ce n’est pas si simple. On verra ce que ça donnera au fur et à mesure. Le début est, je pense, assez clair pour tout le monde. Ensuite, il y aura des décisions à prendre à l’approche du cap Finisterre. Je viens évidemment pour jouer la régate mais mon but principal reste d’arriver. Ça, c’est la base, du coup, si j’y arrive, ce sera déjà cool. Evidemment, si en plus je parviens à jouer avec les autres et à être dans le match, ça sera vraiment chouette mais pour l’instant je préfère ne pas me mettre trop de pression. Je reste concentré et j’essaie de rester calme, au moins en apparence car à l’intérieur, je l’avoue, ça bouillonne ! »

Gaby Bucau (865 – Maximum) : « Je suis plutôt impatient de partir. Ça fait quand même un moment qu’on attend et qu’on prépare ça. Pour ma part, j’ai commencé cette année avec le bateau et de ce fait, j’ai vraiment couru après cette qualif. C’est donc déjà un premier défi de relevé. Maintenant, il va falloir se concentrer. Il y a aura des choses qu’on loupera et des choses qu’on réussira. L’essentiel sera de prendre du plaisir. On va partir dans du petit temps et il y aura un système à essayer d’aller chercher. Ce sera important de bien comprendre ce qui se passe et de s’adapter si on ne fait pas exactement ce qu’on veut faire. Il va y avoir des petits coups tactiques à jouer. Ça va être intéressant et marrant. Il va falloir vite rentrer dans la course malgré les émotions du départ. On ne va pas dormir beaucoup lors de cette première nuit mais la course va être longue. Il va donc falloir faire attention à ne pas se mettre dans le rouge d’entrée pour rester lucide jusqu’à la fin. »

Jacques Delcroix (753 – Actual) : « Pour moi qui ai un bateau à bout pointu, c’est sûr que c’est mieux de partir dans de petits airs que de partir au reaching dans 20 nœuds même si la pétole, c’est toujours dur. L’important sera de réussir à accrocher la moindre risée pour faire les premiers décalages mais ce qu’il faudra surtout, lors de cette première étape, c’est parvenir à rester au contact de la tête de flotte, de ne pas prendre trop de temps à l’arrivée. On devrait rester assez groupés jusqu’au cap Finisterre. Après, le terrain de jeu va s’ouvrir. Ça va être intéressant. J’ai un peu hâte de quitter le golfe de Gascogne qu’on connait bien et de me retrouver le long des côtes portugaises pour me dire « ça y est, on y est vraiment ! C’est le début du voyage ! ». Je trouve que j’ai un peu le même stress qu’avant une Pornichet Select ou n’importe quelle autre épreuve d’avant-saison. »

Hugo Cardon (889 – Hugo Sarth’Atlantique) : « On ne va pas se faire secouer pour commencer mais on reste dans une situation complexe au niveau de la stratégie. On sait que tout peut se passer dans la molle où les écarts se font et se défont très vite. Les premières heures seront importantes mais il ne faudra pas trop se prendre la tête non plus si on n’est pas aux avant-postes. La course va être longue. Ce qui sera important, c’est de jouer un peu le contrôle de la flotte mais aussi d’être rapide, ce qui est toujours plus facile à dire qu’à faire. Ce qui est génial, c’est que cette première étape s’annonce très complète. Il va vraiment y avoir des options à jouer avec des gens susceptibles de jouer un peu le tout pour le tout et qui pourraient créer la surprise. C’est ce qui fait que la course va être belle aussi. Ça va être cool ! »

Yannick Deschand (1040 – Corto – Voiles sans Frontières) : « Le bateau est prêt et je suis impatient de partir ! On va avoir un petit peu de vent dans le nord de l’Espagne mais j’ai confiance dans le routeur et dans la Direction de course pour nous envoyer dans un endroit qu’on connaît. Je suis déjà allé dans le nord de l’Espagne en croisière, donc je sais que l’on peut s’attendre à des vents forts à cet endroit, mais je suis plutôt confiant. Après, près des côtes, il y a les orques, mais bon ça, c’est un impondérable, on verra si on les retrouve ou pas. J’espère que non. »

Arthur Petrucci (973 – Duvergt-FBI, Les P’tits Doudous du Scorff – Lorient) : « Je me sens bien. Il n’y a plus qu’à y aller. Les fichiers sont assez fluctuants. Il y a beaucoup d’instabilité. Il va falloir être concentré sur les informations météo qui vont être données dès les premiers jours. D’habitude, on peut se baser sur une météo à peu près fiable, à plus ou moins quatre jours. Là, sur l’eau, il va falloir prendre les infos météo à la BLU et il va y avoir une pondération des routages à faire par rapport à ceux qu’on aura faits à terre. Jusqu’au cap Finisterre, ça va être des bords un peu obligatoires. Il n’y aura pas de grandes options à jouer. La vitesse va primer jusqu’au passage du way-point. Le bateau est prêt et moi aussi ! »

Olivier Le Goff (599- Le Don du Sang) : « Je suis content. Après l’annonce du report du départ, ça a été dur de changer le programme qui était bien ficelé et de tout remettre à plat du coup. Là, ça s’annonce très léger pour les premiers milles ce qui est plutôt positif pour les bateaux pointus comme le mien. On devrait avoir un petit avantage dans ce temps-là. Dans un premier temps, ça va peut-être être assez limité sur le plan stratégique mais je trouve ça sympa d’aller voir la côte espagnole ! On va tous se suivre sur cette partie de course, mais je pense qu’après le débordement du cap Ortegal , il y aura pas mal de jeu et des options à faire. De ce qu’on a vu jusqu’à présent, ça va être assez compliqué de trouver sa route à partir du cap Finisterre, mais je suis content d’y aller et de rentrer dans le bain ! »

Jean-Baptiste de Sansonetti (335 – Atlantique Solutions) : « Je suis super pressé, je me dis que c’est un truc de dingue ! Traverser l’Atlantique, ça va être incroyable. C’est la première fois que je traverse l’Atlantique. C’est aussi la première fois que je vais aux Canaries, et la première fois que je vais en Guadeloupe. Ça va être top ! Je pensais qu’on partirait dimanche mais je comprends complètement la décision de la Direction de course. Au début, on va un peu longer la côte, ça veut dire qu’on ne va pas beaucoup dormir, parce qu’il y aura certainement beaucoup de pêcheurs. J’aime bien les pêcheurs, mais pas quand je navigue ! Il faudra faire super attention, mais c’est le jeu. La pétole, on n’y peut rien. On part pour la Mini Transat, on a signé pour traverser l’Atlantique, on n’a plus le choix ! »