Mini Transat

Ce lundi, Pierre Gabriel Dutilleux, le skipper du bateau accompagnateur CiCadA, a envoyé quelques nouvelles du large à la Direction de course de La Boulangère Mini Transat. Récit.

Si le bateau accompagnateur CiCadA a décidé de nous envoyé quelques nouvelles du large, d’autres à l’image de @Eglantine  nous envoie de jolies photos des Ministes prises du large

Bonjour les amis,

Toujours heureux de pouvoir vous écrire depuis le large. Nous avons la chance d’avoir une communication satellite afin d’envoyer quelques emails, de télécharger les fichiers météo ainsi que les fichiers de position des concurrents de cette course complètement folle. Nous suivons cette compétition, d’un sport que l’on appelle « course au large ». Cette aventure que ces marins vivent, consiste à traverser l’Atlantique en solitaire et sans assistance, sur des petits bateaux de 6,50 mètres, classés en deux catégories. D’une part, les Protos tout en carbone, ultras légers et dont la conception est laissée aux marins eux-mêmes, classe moteur pour les expérimentations architecturales au sein du monde de la voile de compétition. D’autre part, les bateaux dits « de série », projets plus faciles à mettre en œuvre pour des jeunes ou moins jeunes, en quête d’aventure et de dépassement de soi, prêts à tout quitter pendant deux ans afin de mettre en place ces projets aussi fous, qu’ambitieux.

Il est important de rappeler que les Ministes, skippers de ces petits bateaux de course que l’on appelle les « Mini 6.50 », ne possèdent à bord aucun moyen de communication et ne peuvent en aucun cas communiquer avec la terre. Notre rôle, en tant qu’accompagnant, est d’assurer la sécurité en cas de problème technique, de relayer les communications radio VHF (40 km de portée maximum) et d’être là en cas d’avarie majeure. Bien que l’océan soit très grand, nous recevons quotidiennement par satellite des fichiers de position, nous permettant de nous situer au milieu de la flotte, et d’évoluer dans la même direction. Les distances entre chaque bateau étant très éloignées, nous n’avons depuis quelques jours que très peu de contacts avec eux. Notre machine à nous, CiCadA, grand monocoque de 18.50m, considéré comme « bateau support » sur cette compétition, est assez rapide pour un voilier de croisière. Il fut dessiné par le cabinet Finot-Conq, architectes connus du monde de la course au large. Ses performances nous permettent de rester dans le groupe de tête.

Même si notre moyen de propulsion est principalement la voile, nous avons, nous, la possibilité, pour des périodes sans le moindre souffle d’air, de mettre le moteur afin de ne pas rester « collés » dans une situation dite de « pétole ». Bien que ces petits bateaux magiques soient trois fois plus petits que nous, ils peuvent atteindre des vitesses très élevées. Nous accompagnons donc depuis maintenant sept jours ces marins, et pensons fort à eux quand les conditions de mer, de vent et de vagues se renforcent. Que les longues vagues de l’Atlantique Nord les baladent au milieu de la grande houle, dans la pénombre des nuits humides. Après quelques jours difficiles au large du cap Finistère, pointe nord-ouest de l’Espagne, essuyant des vents à plus de 30 nœuds, dans une mer croisée, nous retrouvons des conditions plus clémentes : douze à 20 nœuds de sud nous permettant de « tirer un grand bord au large » du Portugal. Evitant par la même occasion les possibles interactions avec nos amies les orques, que certains Ministes ont vu, de très très près ces derniers jours, jouant de leurs nez avec la coque en fibre de leurs petits bateaux, heureusement sans trop de dommages. Nous voguons actuellement vers le sud-ouest, à environ 400 km au large de Lisbonne. La mer s’est enfin calmée, le soleil est désormais sorti de l’épaisse brume qui nous accompagnait hier, et le bateau avance bien. L’équipage est au top, heureux de partager ces moments uniques au milieu de l’océan, accompagnés quotidiennement par les dauphins. Nous adaptons notre vie à bord au rythme du soleil. Virement de bord prévu ce soir. Nous ferons alors route vers le sud, à quelques 800 km de l’île de Madère, sur notre route pour les Canaries. Arrivée prévue d’ici quatre à cinq jours.

Captain Pierrot.