Alors que la victoire dans la première étape de la 24e La Boulangère Mini Transat semblait promise à Victor Mathieu (967 – Celeris Informatique), les cartes ont complément été redistribuées dans les 15 derniers milles, la faute à une bulle sans vent aux abords de l’île de La Palma. Au final, c’est ainsi Carlos Manera Pascual (1081 – Xucla) qui s’est octroyé la première place (avant jury). Il a en effet devancé son rival de 9 minutes et 31 secondes après avoir pourtant compté jusqu’à 42 milles de retard à moins de 24 heures de l’arrivée. Ses impressions à chaud.
Quel finish ! Que ressentez-vous ?
« C’est vraiment très fort ! Je suis vraiment, vraiment très heureux ! Ça a été une première étape marquée par le petit temps. Mon bateau n’a pas été pensé pour ce type de conditions mais il est toutefois très polyvalent et il l’a prouvé. La grande leçon de cette première étape, comme souvent en course au large, c’est que tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, tout peut arriver. Il ne faut jamais baisser les bras mais, à l’inverse, s’accrocher et toujours croire en ses chances jusqu’au bout ! »
A 15 milles de l’arrivée, vous comptiez une quarantaine de milles de retard sur le leader. Aviez-vous réellement pu imaginer un tel scénario, un tel retournement de situation ?
« Disons plutôt que je l’espérais. J’espérais que le vent mollirait à l’approche de l’île et que la flotte se regrouperait. Après ma première participation à la course, il y a deux ans, je savais qu’il pouvait se passer des choses en arrivant à La Palma et que, de ce fait, il était important de réussir à garder un minimum d’énergie et de lucidité pour gérer le tampon du vent sur la côte, par ailleurs très montagneuse. Je savais que ce serait potentiellement compliqué. J’ignorais où se trouvait Victor par rapport à moi. Lorsque j’ai vu des feux de mât puis certains de mes concurrents à l’AIS, j’ai été un peu surpris je l’avoue, mais j’ai réalisé que j’avais une vraie chance et je me suis battu pour avancer alors qu’il n’y avait vraiment plus un fil d’air. J’ai poussé, poussé. Je termine mort de fatigue mais tellement content ! »
Globalement, cette première étape a été compliquée mais aussi et surtout très complète. Comment l’avez-vous vécue ?
« C’est vrai qu’elle a été particulièrement complète avec presque toutes les allures mais aussi de la pétole, du vent très fort… Pour ma part, j’ai vécu quelques heures vraiment très dures au large du Portugal. Je suis resté planté dans la dorsale pendant 10 ou 12 heures et j’ai vu Federico Waksman (1019 – Repremar – Shipping Agency Uruguay), avec qui je bataillais alors pour la première place, filer et me coller cinq milles. Il y a ensuite eu trois jours vraiment sympas dans les alizés. C’était la première fois que je faisais un bord de portant de 100 milles avec le bateau et j’ai pu continuer de le découvrir. J’ai tapé un OFNI (objet flottant non-identifié), hier, et j’ai légèrement fissuré un safran mais je n’ai trop rien cassé à bord. J’ai vraiment eu de belles sensations et j’ai bien pu pousser la machine. J’ai pu voir ce qu’elle avait dans le ventre et j’ai vu qu’elle avait vraiment un gros potentiel. Cela me donne davantage de confiance pour la suite de la course. »
Neuf minutes et 31 secondes d’écart, cela promet de la belle bagarre pour la deuxième étape !
« Ça va être incroyable ! Comme souvent dans la Mini Transat, à l’issue de la première manche, les écarts sont faibles, voire inexistant. A ce stade de la course, tout reste à faire mais ce qui est pris n’est toutefois plus à prendre et une victoire d’étape, ça fait évidemment du bien ! »