Mini Transat

Depuis sa création en 1977, la Mini Transat a toujours révélé certains talents. Des marins qui, sur les courses d’avant-saison ne s’étaient pas forcément affirmés comme leaders, bien que capables de faire des étincelles. Cette première étape de 1 350 milles entre Les Sables d’Olonne et Santa Cruz de La Palma l’a confirmé. Si aucun des favoris annoncés ne termine finalement sur le podium de ce premier acte, force est de constater que Michaël Gendebien (921 – Barillec Marine – Actemium), Justin Baradat (1056 – Da Gousket) et Titouan Quiviger (1009 – Les Extraordinaires) ont parfaitement bien tiré leur épingle du jeu grâce à un choix de trajectoire au plus près de la route directe après le débordement du cap Finisterre, au large du Portugal. A la clé, des écarts plutôt significatifs sur le gros du peloton, et en particulier sur un grand nombre de prétendants à la victoire, même si certains ont montré de belles choses, à commencer par Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aérofab) qui a longtemps mené la danse et bien limité la casse par rapport à certains autres.

« Je suis trop content ! Une victoire, ce n’était pas spécialement dans mes attentes, ni même dans mes objectifs. Petit à petit, mon option ouest s’est concrétisée et je savais que plus on se rapprochait des Canaries, plus je profiterai d’un meilleur angle. Cela dit, honnêtement, quand je me suis lancé, je ne pouvais pas savoir que le vent allait tourner comme ça. J’ai parié et ça a été le jackpot ! », a commenté Michaël Gendebien (921 – Barillec Marine – Actemium) à son arrivée à Santa Cruz de La Palma, aux environs de 11h30, ce jeudi 5 octobre. Et de jackpot, c’est bel et bien de cela dont il s’agit. Le Belge, qui a toujours terminé entre la 10e et la 20e place sur les différentes courses du circuit Mini 6.50 auxquelles il a participé depuis deux ans, avec malgré tout une jolie victoire sur la Mini Fastnet cette année en double avec Quentin Riché, n’était pas forcément attendu sur cette première étape de La Boulangère Mini Transat. Il n’empêche qu’il a frappé fort en parvenant à s’imposer avec 3h39 d’avance sur son poursuivant le plus proche, Justin Baradat (1056 – Da Gousket), et bien plus sur le gros du peloton. « J’ai réussi à aller jusqu’au bout et à finir premier mais il y a une part de moi qui sait que c’est un petit coup de poker quand même », a relaté modestement le marin qui avait également bien géré son début de course, préférant jouer la carte de la prudence lors des moments un peu sports, comme au large des caps Ortegal et Finisterre. « Quand ça a été violent et que j’ai mis le tourmentin, certains ont cassé parce qu’ils étaient toutes voiles dehors. Moi, au contraire, je l’ai joué « safe », et j’ai seulement abimé une manille dans la pétole ! », a ajouté le Wallon, aujourd’hui installé à Concarneau. « A la fin, j’étais assez sûr de l’avance que j’avais. » 

Une option « safe »
De fait, cette fameuse option « ouest », finalement au plus près de la route orthodromique, s’est avérée payante. Pour lui mais également pour Justin Baradat et Titouan Quiviger. « Au large du Portugal, on a vu certains, les leaders notamment, partir à l’est. On s’est dit que c’était un peu risqué par rapport à la météo annoncée », a commenté le skipper de Da Gousket qui a profité de davantage de pression que ses concurrents plus à l’est, mais aussi, ainsi que l’a précisé Michaël, d’un angle de descente vers les Canaries plus favorable.  « Tous les trois, on s’est recroisés plusieurs fois tout au long du parcours. Ça me donnait la niaque ! Au largue, dans les alizés, j’ai pu tirer fort sur la machine. Ça a été un bon test pour le bateau. A part quelques détails, je n’ai rien cassé. Tout a bien marché et ça, c’est trop cool ! On va pouvoir aussi essayer d’aller chercher la performance pendant la deuxième étape ! », a détaillé le Brestois, remonté comme un coucou, tout comme le skipper des Extraordinaires qui a signé, pour sa part, aujourd’hui son tout premier podium sur le circuit des Mini 6.50. « Cette étape a été folle. Un Top 3, ça fait du bien ! Je suis parti sans me mettre de pression, sans vouloir faire un résultat forcément. J’ai navigué intelligemment, comme j’avais envie de le faire, et j’ai pris du plaisir. Je n’ai fait que ça, et à faire des bons coups, je me suis retrouvé devant avec Justin, côte à côte. On s’est bien marré tous les deux, on s’est tiré la bourre ! », a raconté de son côté Titouan Quiviger qui a véritablement découvert sa place seulement une fois la lignée d’arrivée franchie. « Je n’avais pas trop regardé les classements pour ne pas me mettre la pression, et c’est Justin qui m’a prévenu en me disant « il n’y en a qu’un qui est arrivé, je suis deuxième, tu es troisième ». J’étais dans tous mes états ! », a ajouté le Finistérien qui complète un Top 3 100% Pogo 3, et prend cette performance comme un pur bonus pour son projet. Un projet dont la suite, comme pour les autres, reprendra le 28 octobre prochain avec le coup d’envoi de la deuxième étape longue de 2 700 milles et à destination de Saint-François, en Guadeloupe. Une manche qui promet d’ores et déjà de se jouer sur les chapeaux de roues avec un foule de favoris bien décidés à combler leur retard. Mieux, à reprendre l’avantage.