Le skipper a franchi la ligne d’arrivée de la 1ère étape de La Boulangère Mini Transat ce jeudi 5 octobre à 09h28’09” (heure française) à 9 minutes et 31 secondes du premier. Il a mis 9 jours, 19 heures 50 minutes 09 secondes pour boucler cette première étape à une moyenne de 5,73 nœuds.
Réaction à chaud :
« Il y a eu un beau match tout le long du Portugal. Après, je ne me suis pas trop rendu compte de ma place à ce moment-là. J’écoutais la météo, mais pas le classement, justement pour ne pas me focaliser dessus. Je n’ai commencé à écouter que les derniers jours, pour voir si mon option allait payer ou pas. Je me suis recalé sur la route, et ça a fonctionné. La météo était hyper foireuse, donc investir dans le sud ce n’était pas logique pour moi. Je me disais que pour quitter la route directe, il fallait vraiment avoir une bonne raison. Là, je trouvais justement qu’il n’y avait pas de bonnes raisons de le faire. Il y a aussi que le jour où je me suis posé la question, le bord où je chargeais le mieux mes batteries, c’était pour partir sur la route directe. Je me suis dit « bon, c’est un signe ! ».
J’ai eu des problèmes d’énergie dès le début. On n’a pas eu une super météo mais ça allait quand même pour recharger les batteries. A partir du Portugal, je me suis rendu compte que je n’avais plus que 20% et le soir je n’avais plus de batterie du tout. Je n’avais pas dormi de la journée et la nuit, ça a été l’enfer. C’était soit je m’arrêtais pour dormir une heure, mais ce n’était pas envisageable pour moi, soit je barrais toute la nuit. Heureusement, c’était des conditions confortables, sous spi, mais en fait, je m’endormais à la barre tout le temps. C’était horrible.
Je me suis dit qu’il y avait un mec au-dessus qui se moquait de nous ! Honnêtement, on a tout eu. Un coup c’était dix nœuds, un coup c’était vingt-cinq, un coup c’était cinq. Ca partait dans tous les sens. Quand je suis arrivé dans les alizés, j’ai trouvé des clés que je n’avais pas encore trouvées sur le bateau. C’est bien pour la prochaine étape. En revanche, j’ai cassé pas mal de trucs ! il faut que je fiabilise un peu avant le départ de l’étape suivante. Federico (Waksman) et Carlos (Manera Pascual), pour moi, ce sont les deux grands favoris, surtout en termes de vitesse. Ils vont très vite tous les deux. L’idée, c’était de les tenir, notamment au portant.
Dans les alizés Je me rendais bien compte que c’était engagé ! J’ai fait de bons départs au tas ! Franchement, la dernière journée était horrible. Toute la course, je me suis focalisé sur ma performance plutôt que sur le résultat. Ça, c’est un truc que j’ai beaucoup bossé cette année : la référence interne, ne pas du tout regarder les autres. Je pense que comme ça, on vit beaucoup mieux la course. A partir du moment où j’ai compris que j’étais premier, et que j’avais 50 milles d’avance sur Federico ou un truc comme ça, j’ai eu l’impression de tout mal faire. Tout me stressait. Je regardais en permanence derrière moi. J’ai pété plein de trucs. J’ai fait des départs à l’abattée. Je me suis retrouvé avec le bateau couché dans l’eau. J’ai trempé toutes mes affaires. Je suis tombé en panne d’électricité. Je me suis retrouvé en pleine nuit, obligé de barrer. La journée, j’avais un peu d’électricité pour les instruments, mais pas suffisamment pour le pilote. C’était très fatigant physiquement.
Quand je suis tombé dans la molle, je n’ai pas compris. En fait, je voyais les autres à l’AIS. J’avais 26 milles d’avance sur Maël (Cochet), mais bon, on n’a pas le même bateau. Je savais qu’il y avait moyen qu’il revienne dans ces conditions-là. Pour moi, j’arrivais à 23h hier soir !
J’ai fait un dernier gros départ au tas, j’ai couché le bateau et j’ai mis 10 minutes à le redresser. C’est là que j’ai cassé le bout dehors, le cale-pied… tout est éclaté. Quand j’ai vu revenir les autres, ça a été terrible. Je me suis tellement fait le film de la victoire, surtout que moi, je n’ai jamais gagné de course en solo ! Ç’aurait été ma première ! Là, j’ai buté dans la molle. Je me suis que ce n’étais pas possible. Après, c’est comme ça, c’est le match. Je savais très bien que Carlos n’était pas loin. C’est pour ça que j’ai bourriné toute la journée, parce que je ne voulais pas leur laisser une seule chance de me rattraper. Je n’avais pas anticipé qu’il y aurait de la molle à la fin. J’avais préparé beaucoup de choses, notamment le Portugal, mais pas les Canaries. C’est en arrivant que je me suis dit que j’avais été bête. La Palma, c’est une île avec des montagnes très hautes. Il y a forcément des effets de site de fou. J’oscillais entre m’énerver et me remettre dans le match. J’ai beaucoup repensé à la deuxième étape de la solitaire du Figaro de cette année.
Neuf minutes d’écart, c’est bien, ça veut dire que la victoire ça aurait été un peu la cerise sur le gâteau que je ne venais pas du tout chercher. Ce qui m’intéressais, c’était de faire une bonne performance par rapport à ce que je sais faire. Et d’être dans le match au classement général. Du coup, au fond, je suis content. Le groupe cette année, c’est une bonne team. On régate fort et on rigole bien. Ça nous pousse à donner le meilleur de nous.”