Mini Transat

Le coup d’envoi de l’étape 2 – Air Caraïbes de la 24e édition de La Boulangère Mini Transat a été donné ce samedi 28 octobre à 14h20 (heure de Paris). Propulsés par un faible flux d’ouest nord-ouest, les 87 concurrents toujours en lice dans l’épreuve ont alors quitté Santa Cruz de La Palma pour rejoindre Saint-François avec, devant leurs étraves, un morceau de 2 700 milles mais aussi et surtout de nombreuses inconnues. Des inconnues liées à l’exercice en lui-même pour des navigateurs qui, pour la grande majorité, traversent l’Atlantique pour la toute première fois, mais aussi des inconnues liées à la météo, en particulier celle ces premiers milles. De fait, outre les dévents des îles Canariennes, les solitaires vont devoir composer dans de petits airs puis négocier le passage d’un petit front avant d’emprunter l’autoroute des alizés.

Sans surprise, c’est dans de tous petits airs (entre 2 et 5 nœuds) que le départ de l’étape 2 – Air Caraïbes de La Boulangère Mini Transat a été donné ce samedi après-midi, au large de Santa Cruz de La Palma. D’emblée le ton a donc été donné pour les solitaires qui vont devoir faire preuve de patience et d’opportunisme lors des prochaines 24-36 heures pour s’extraire de l’archipel des Canaries. L’enjeu ? Réussir à déjouer au mieux les dévents des îles, et en particulier celui de Tenerife dont le point culminant s’élève à 3 715 mètres d’altitude. « Les effets du Teide se font ressentir à plus de 60 milles. Les marins vont devoir essayer de trouver le meilleur passage. Ce ne sera pas si facile, d’autant qu’ils vont aussi devoir composer avec de la molle la nuit prochaine », explique Denis Hugues, le Directeur de course qui prédit donc un début de course au ralenti pour les Ministes. Des Ministes qui, lundi soir après le contournement de El Hierro qu’ils ont l’obligation de laisser à tribord, obliqueront leurs trajectoires vers le nord-ouest pour aller chercher un petit front. Une zone de contact entre deux masses d’air dans laquelle ils récupéreront alors un peu de pression avant de remettre du sud dans leur route pour rejoindre le fameux way-point ajouté sur le parcours afin de les contraindre à ne pas s’engouffrer dans une route trop nord au risque d’y rencontrer des petites dépressions tropicales.

Une entame « originale »

Dans ce contexte, peu ou pas de grandes options stratégiques à attendre dans l’immédiat. Pas, en tous les cas, avant le passage de la marque virtuelle, située, rappelons-le, à 880 milles de l’île la plus occidentale et la plus méridionale des Canaries et que les leaders ne devraient pas atteindre avant le milieu de journée de jeudi. « Cette deuxième étape s’annonce globalement bien chouette, avec toutefois un scénario disons original » pour les premiers milles », a confirmé Victor Matthieu (967 – Celeris Informatique), deuxième chez les Proto de la première manche à seulement neuf minutes et des poussières du premier, Carlos Manera Pascual (1081 – Xucla). « Il va falloir se montrer assez opportuniste lors des premières heures de course, mais aussi trouver le bon rythme. Cette deuxième étape est une étape d’endurance. Rapidement le but va être de trouver le juste milieu entre aller vite et ne rien casser, mais aussi le meilleur compromis de route après le way-point. Pour l’heure, la voie du nord semble la plus rapide mais elle peut s’avérer risquée si l’on se fait choper par la molle. J’espère que le choix sera facile à faire mais je ne le pense pas. Dans un sens, c’est tant mieux. On est relativement groupés au classement provisoire et les compteurs sont quasiment à zéro. La bataille promet d’être belle jusqu’au bout. Mon but à moi, c’est de bien faire, sans me mettre de pression », a relaté le Suresnois, plus confiant que jamais après avoir réussi à résorber le jeu qu’il avait dans la quille, et donc prêt à naviguer pied au plancher au portant.

Une histoire de curseur

S’il est remonté et prêt à imprimer une grosse cadence lors deux prochaines semaines, ses concurrents le sont aussi, à commencer, bien évidemment, par l’Espagnol Carlos Manera Pascual qui espère bien conforter sa première place lors de ce deuxième volet. « Le jeu s’annonce très intéressant avec quelques options tactiques qui risquent bien d’éclater un peu la flotte. Même dans ma position de leader, on préfère ce type de situation plutôt que de participer à une simple course de vitesse ! », a assuré le Catalan qui sait lui aussi que tout reste à faire à ce stade de la course. « C’est clairement un nouveau départ ! », a relaté le skipper qui a, lui aussi, apporté quelques améliorations sur sa monture lors de l’escale, et qui compte bien exploiter tout le potentiel de son « foiler ». « Comme l’a dit Victor, l’enjeu de ce deuxième round sera de réussir à placer le curseur au bon endroit. On sait que l’on part pour une étape d’endurance, à la fois pour les bateaux et pour les skippers. On sait aussi que jusqu’au passage de la ligne d’arrivée, rien n’est jamais fini ». Et il en sait quelque-chose !

Confirmer ou conjurer le sort

Idem pour Michaël Gendebien -921 – Barillec Marine – Actemium). Malgré une belle avance de 3h51 sur son dauphin, le Belge, vainqueur de la première étape chez les Série, n’estime pas une seconde que les jeux sont faits, bien au contraire. « Nous avons 2 700 milles à parcourir pour rallier Saint-François. C’est tout simplement le double de la première étape ! Je garde donc la tête froide », a commenté le marin qui part, comme la plupart de ses adversaires, littéralement dans l’inconnu. « La solitude, la vraie, sans personne à l’AIS, les alizés, les grains, la longue houle du large… Tout ça fait pas mal de nouveaux éléments qu’il va falloir gérer au mieux. Pour ma part, je pars dans le même état d’esprit qu’au départ des Sables d’Olonne. J’ai l’envie de faire les choses à 100% mais je reste réaliste et je préfère, dans tous les cas, me prémunir d’être déçu à l’arrivée en évitant de me projeter trop sur le résultat », a souligné le navigateur qui sait qu’il n’aura peu ou pas le droit à l’erreur sur cette traversée d’autant que certains de ses concurrents sont véritablement partis avec le mors aux dents, forcément revanchards après une première étape en deçà de leurs attentes. « Aujourd’hui, je n’ai plus trop d’ambitions pour le classement général mais je veux réussir à me faire plaisir puis terminer à la plus belle place possible en Guadeloupe », a notamment annoncé Léo Bothorel (987 – Les Optiministes – Secours Populaire 17). Ils sont, de fait, un grand nombre de favoris à avoir franchement manqué de réussite lors du premier acte. Sûr qu’ils auront tous à cœur de jouer aux avant-postes cette fois-ci, et de bousculer autant que possible la hiérarchie actuelle !