Ce mardi, l’équipage de Namiko, l’un des bateaux suiveurs de cette La Boulangère Mini Transat nous partage son journal de bord. Extraits.
« Dans la matinée le vent redevient plus régulier, mais orienté au sud et toujours très faible. Nous sommes au près, mais dès que nous allons vers le sud-ouest, nous sommes bloqués par le vent qui s’évanouit en se rapprochant des hautes pressions. Il faut poursuivre vers le sud-est donc s’éloigner du but pour continuer la traversée de la dorsale dans son nord-est en attendant que le vent tourne à droite, ce qu’il semble commencer à faire à la mi-journée.
Début d’après-midi, appel de la direction de course. Le 1048 est quasiment à l’arrêt depuis ce matin, deux miles de progression vers l’ouest en 8 h alors que le reste du groupe a progressé sud-sud-est d’environ 16 miles dans le même temps. Nous faisons demi-tour et partons vers sa dernière position avec l’angoisse de retrouver un bateau vide. Une demi-heure après, gros soulagement, Laure Galley vient de signaler sa présence à bord à la direction de course via son tracker. Problème technique ? Pression nerveuse trop forte à l’idée de continuer en s’éloignant du but ? Elle aurait quand même “tenu bon” 8 h face à la dorsale avant d’abdiquer et de poursuivre sud-est ? Dans l’immédiat nous ne le saurons pas, car elle est trop éloignée de nous pour un échange radio.
Le petit groupe n’est pas informé des détails de l’incident et les discussions vont bon train à la radio. Apparemment, le choix de la route sud a été arrêté avec un coach avant le départ, coach à qui la traversée de la dorsale semblait davantage faisable qu’une hypothétique performance dans l’ouest ou le nord-ouest. Il semble qu’ils visent un waypoint météo plein sud vers 24°N. La “progression négative” (le groupe s’éloigne du but) ne semble pas avoir d’effet sur leur moral et les problèmes du jour se limitent à la boîte de “Kinder” fondue vu la température dans le bateau de l’amatrice de chocolats !
Au fil de l’après-midi, le vent devient de plus en plus régulier, s’oriente à l’ouest puis au nord-ouest en soirée tout en dépassant les 5 nœuds. On ouvre les voiles, déroule le gennaker en amorçant une lente rotation vers la Guadeloupe. A la vacation du soir, les échanges sont plus chaleureux. Visiblement le petit groupe est content de son choix et ça commence à plaisanter. Personne n’ose encore crier victoire sur la dorsale, pourtant l’improbable semble bel et bien avoir eu lieu : la traversée vers le sud s’est faite sans l’arrêt promis par les routages. Au bilan comptable, l’addition est lourde : près de 200 miles de débours par rapport à la tête de flotte et, dans le meilleur des cas, encore une vingtaine d’heures de lente rotation vers l’ouest avant de pouvoir faire route directe.
La journée se termine en apothéose avec un coucher de soleil illuminé d’un rayon vert. La nuit est calme, sur une mer toujours lisse, avec un vent régulier qui reprend doucement de la vigueur – 8 à 10 nœuds – en poursuivant sa lente rotation à droite et nous avec. »
Photos Eglantine :