« C’est dur, c’est vraiment dur ! ». C’est avec ces mots et des sanglots dans la voix que Romain Van Enis (630 James Caird) nous rappelle ce qu’est la Mini Transat : une école pour apprendre bien des choses, en préparation de bateau, en technique, en navigation, en météo et en stratégie de course, mais aussi, et peut-être surtout, en résilience.
Romain, c’est la joie de vivre incarnée ! De l’énergie, il en a pour trois ! Il suffit de le voir danser sur la place du marché de Santa Cruz de la Palma lors d’une fête locale jusqu’à a plus d’une heure et même au-delà pour vite comprendre l’enthousiasme qui l’anime. Un feu follet de la vie !
Sa transat, il l’a préparée pendant deux ans, comme tous les autres compétiteurs, focalisant son énergie sur le projet souvent en sacrifiant d’autres priorités.
Tout se passe bien pour lui et puis c’est l’incident. Sur Eglantine, en tant que bateau accompagnateur, l’information nous arrive le 5 novembre à 10h30. Romain a cassé une barre de flèche. C’est non réparable. Il est à 130 milles devant nous. On fait en sorte de se rapprocher pour rentrer en communication avec lui et connaitre la situation puis ses intentions.
Il nous faudra deux jours pour rentrer en contact avec lui car il avance toujours entre 5 et 6 nœuds, signe d’une réparation provisoire. Lors du premier contact, c’est la raison qui parle. Il nous confirme « tout est OK à bord, barre de flèche HS mais mât maintenu par des installations provisoires. Navigation très prudente, au ralenti sous grand-voile trois ris et tourmentin. Je continue ma route vers la Guadeloupe. Nourriture et eau devraient être OK ! »
L ‘essentiel semble être dit mais le plus important manque : le cri du cœur ! Quelques heures plus tard, Romain nous rappelle à la VHF Cette fois, c’est l’émotion qui parle. La voix chargée de sanglots il nous dit : « c’est dur. C’est vraiment dur ! Ce n ‘est pas du tout la Transat que je pensais faire ! »
Oui, c’est dur Romain, et nous imaginons, en vivant à côté de toi, les mêmes conditions météo (des grains qui vous tombent dessus la nuit avec un vent passant de 15 à 40 nœuds, et parfois 90° degrés de bascule !) à quel point c’est difficile de maintenir debout un gréement fragilisé.
C’est là qu’il faut aller chercher dans ses ressources les plus profondes, celles qu’on n’imagine même pas avoir, pour maintenir sa détermination, faire le deuil momentané de ses premiers objectifs pour en fixer un autre puis se focaliser sur celui-là : rallier St François et y retrouver les autres !
Là-bas, nous en sommes certain, Romain, tu seras accueilli à bras ouverts par tous ceux qui ont aussi connu des galères et qui en sont sortis avec une résilience encore endurcie
Voilà un exemple émouvant de ce que connaissent les compétiteurs de la Mini Transat. Romain, n’est qu’un exemple que nous avons croisé. Bien d’autres, on en est sûr, rencontrent des moments difficiles et les dépassent .