La skipper a franchi la ligne d’arrivée de la 2e étape de La Boulangère Mini Transat ce samedi 11 novembre à 14h15’07” (heure française). Elle a mis 14 jours, 55 minutes 07 secondes pour boucler cette deuxième étape. Son temps cumulé sur les deux étapes est de 23 jours 22 heures 58 minutes 22 secondes.
« Jusqu’au bout je suis restée focus en me disant que tant que la ligne n’était pas franchie, tout pouvait encore arriver. La preuve, hier soir, on a pris des grains énormes. Il n’y avait même pas moyen de tenir un spi tellement ça partait dans tous les sens. Julien (Letissier) a perdu son aérien et il a pété des trucs. J’ai clairement joué la carte de la prudence. Jusqu’à la dernière nuit, jusqu’au dernier mille, c’est resté une épreuve. Je le disais avant le départ, cette deuxième étape serait avant tout une étape d’endurance. Il a constamment fallu rester concentré sur le bateau pour ne rien casser. Je ne sais pas si je suis la seule à être passée par le sud mais ça a vraiment été « taré ». J’ai passé cinq jours dans une météo de fou. J’ai « transaté » sou spi médium. Je n’ai quasiment jamais mis mon spi max. Sur le bateau, j’étais comme dans un shaker. Il n’y avait pas moyen de dormir, pas moyen de manger… En même temps, c’était grisant. J’ai passé des nuits sous la casquette avec l’écoute de spi dans la main pendant que le bateau sifflait et fumait. Vraiment, c’était dinguo !
Je ne voulais pas écouter les classements. Je me suis concentrée sur ce que j’avais à faire. La petite histoire, c’est qu’en partant de Santa Cruz de La Palma, il y avait vraiment deux options. Il a fallu choisir dès les premières 24 heures entre le nord et le sud. J’ai vu tout le monde partir au nord mais je n’avais vraiment pas envie de prendre des fronts et des dépressions. De plus, la météo était vraiment incertaine. Dans le sud, on savait que l’on allait devoir négocier une dorsale mais qu’ensuite on récupérait de toutes façons assez vite les alizés. J’ai envie de remercier Laure (Galley). Je suis déçue qu’elle ne soit pas encore là mais quand j’ai vu qu’elle partait aussi au sud, j’ai dit « allez ». Ça m’a encouragée à faire mon truc. J’ai beaucoup douté malgré tout. Ça a même été la torture d’assumer. J’ai toutefois vraiment fait ma course et je l’ai fait jusqu’au bout en me focalisant uniquement sur moi.
Je n’ai pas pensé au podium. Je termine troisième de l’étape et quatrième du général. C’est une belle revanche après ma première participation à la course, en 2019. Je pense que j’ai gardé des réflexes liés aux traumatismes de mon premier bateau qui se vautrait à chaque rafale. La preuve, cette nuit, dès que je sentais un grain, tac-tac, j’affalais le spi mais Martine est un bateau magique, vraiment incroyable et aussi tellement puissant ! Le facteur limitant, c’est vraiment l’humain sur ce type de machine. Je suis trop heureuse parce que ça fait maintenant onze ans que j’ai mis les pieds sur le circuit Mini 6.50 et ça se termine de belle manière. A présent, je peux annoncer ma retraite ! (Rires) »