Mini Transat

Après l’éclatante victoire de Luca Rosetti (998 – Race = Care) dans la deuxième étape, dimanche à 1h26 (heure de Paris), les pronostics allaient bon train sur les quais de la marina de Saint-François. L’Italien, qui comptait 15h05 de retard sur le leader à l’issue de la première manche, aurait-il cette fois suffisamment d’avance pour finir premier, deuxième ou troisième au classement général ? Si le podium lui était promis, restait encore à attendre les arrivées de Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aérofab) et de Michaël Gendebien (921 – Barillec Marine – Actemium) pour connaitre le numéro de la marche. Après des heures d’attente, le navigateur italien a finalement pu faire éclater sa joie. Le voilà en effet qui succède à Hugo Dhallenne au palmarès de l’épreuve dans la catégorie des bateaux de Série, et devient le deuxième représentant de son pays à réaliser un tel exploit après Ambrogio Beccaria, en 2019. Mais ce que l’histoire retiendra également de cette 24e édition de La Boulangère Mini Transat, c’est le terrible épilogue de la course pour le gagnant du premier round. Ce dernier a en effet passé la zone interdite à la navigation des îles de Petite Terre du mauvais côté. Ainsi, alors que la troisième place lui tendait les bras, elle lui échappe finalement au profit de Grégoire Hue (915 – SPC) qui termine, pour sa part, juste derrière Bruno Lemunier (893 – Kalisto & Aérofab).

Arrivée Etape 2 – Saint-François (GUADELOUPE – FR)

Attendre. Faire des calculs avec le classement de la première étape dans une main puis le chronomètre dans l’autre. Compter puis recompter, et finalement se rendre compte que cette fois, c’est fait. Les dernières heures de Luca Rosetti (998 – Race = Care), n’ont certainement pas été des plus faciles à vivre. Ce dernier a toutefois finalement reçu la confirmation de sa victoire au classement général (avant jury) dans la catégorie des Série de cette La Boulangère Mini Transat en toute fin de journée, ce dimanche 12 novembre. « Ce que je ressens est relativement indescriptible. Lorsque j’étais dans l’expectative, c’est vrai que j’ai passé du temps à regarder ma montre mais cela ne m’a toutefois pas stressé plus que ça. J’avais, de toutes façons, déjà la satisfaction du travail bien fait dans ma course, ce qui était l’essentiel pour moi », a commenté le skipper qui a néanmoins laissé éclater sa joie après cette annonce. Et pour cause, pour que cette première place lui revienne, il fallait quand même qu’un certain nombre de pièces s’imbriquent correctement. La raison ? 15h05 de retard cumulé lors du premier round sur le leader, le Belge Michaël Gendebien (921 – Barillec Marine – Actemium). « J’avais bien conscience qu’un tel écart n’était pas neutre mais je le relativisais. Il n’était finalement pas si grand à l’échelle de l’Atlantique, mais je savais néanmoins que le scénario météo allait conditionner pas mal de choses. Si les alizés avaient été établis dès le début, on se serait tous engagés sur l’autoroute des alizés et ça aurait une course de vitesse dans laquelle il aurait été impossible de vraiment faire la différence. Là, quand j’ai compris qu’après El Hierro deux options stratégiques se dessinaient, j’ai su que j’avais ma chance », a détaillé l’Italien qui ne l’a pas laissé passer. Auteur d’une option nord parfaitement maîtrisée, mais aussi d’un remarquable niveau d’engagement, Luca Rosetti s’est ainsi offert le doublé étape – classement général (avant jury).

De l’extase à la douleur

« J’ai eu de très bonnes sensations. Par moments, je me suis même littéralement senti en état de grâce. Tout s’est globalement bien enchaîné et je n’ai pas eu de gros pépins techniques. Bien sûr que j’ai connu quelques moments difficiles. C’est normal lorsque l’on passe 14 jours seul en mer. Il y a eu des doutes, des instants de solitude, mais au fond, ce sont des choses que l’on vient aussi chercher lorsque l’on se lance dans une telle entreprise », a commenté le marin qui, pour mémoire, avait terminé 18e de l’épreuve lors de sa première participation en 2019. « Gagner la Mini Transat, ce n’est pas rien. Si je regarde derrière moi et que je vois tous les sacrifices que j’ai fait pour en arriver là, c’est finalement assez incroyable. Cette victoire est une belle récompense ! », a indiqué le skipper du Maxi 6.50 aux couleurs de Race = Care qui s’impose (avant jury) finalement avec une avance de 3h23 sur Bruno Lemunier, le skipper de Kalisto & Aérofab qui, pour sa part, a vécu la course très différemment. « Pour moi, ça a été une course méga dure. A la fin, il fallait vraiment que j’arrive. Physiquement, j’ai un peu souffert. J’ai la peau très irritée car j’ai vraiment été trempé tout le temps. On a eu pas mal de vent et pas mal de mer et j’ai trouvé ça éprouvant, spécialement en Pogo 3. Je m’attendais à ce que ce soit difficile, mais il faut être dedans pour véritablement le vivre », a déclaré le Telgrucien qui a montré de belles choses sur chacune des deux étapes, confirmant ainsi ses performances d’avant-saison. « Au final, c’est un podium au classement général. C’est génial d’autant que je n’étais pas trop venu pour ça au départ », a modestement rappelé le navigateur qui devance, lui, de 3h01 Grégoire Hue (915 – SPC). « Je n’étais pas super bien placé au milieu de la course mais au fur et à mesure, j’ai rattrapé des concurrents et cela m’a donné la niaque alors que, franchement, c’était super dur. J’ai eu des hauts et des bas mais je me suis toujours répété qu’il n’était pas question de lâcher, que je n’avais pas le droit de le faire juste parce que j’étais fatigué », a commenté le Locmariaquérois. Bien lui en a pris car à l’arrivée, c’est une troisième place un peu inespérée à l’overall (avant jury).

La Mini Transat, un véritable ascenseur émotionnel

« C’est une surprise. Je suis fier mais ça ne me rend pas super content de terminer sur le podium sur la faute d’un ami, Michaël Gendebien, qui a super bien navigué. Preuve que quand on est cramé, on peut faire de drôles d’erreurs », a ajouté Grégoire Hue. De fait, c’est une vilaine boulette qu’a faite le navigateur Belge qui avait révélé tout son talent lors du premier round, mais qui laisse ainsi filer sa place sur le podium dans cette 24e édition. « Ce que je ressens est indescriptible. Cette Mini Transat est une épreuve à part entière. La longueur, la solitude, l’effort à mettre en permanence pour arriver à suivre le rythme des premiers… c’est presque de l’ordre de l’inhumain. Je suis content d’être arrivé en Guadeloupe et de refermer un projet de quatre ans mais c’est évidemment émouvant pour moi de clôturer les choses de cette manière. J’ai mal lu les instructions de course. Je pensais que la zone des îles de Petite Terre était juste une zone interdite. Je n’avais pas compris qu’il fallait la laisser à tribord en arrivant. C’est dommage. Je m’en veux. Ça gâche le truc mais il est malheureusement impossible de refaire l’histoire », a confié le skipper de Barillec Marine – Actemium qui espérait bien évidemment un tout autre épilogue à son aventure, mais qui a fait preuve d’une remarquable volonté en repartant finalement faire le tour de la fameuse zone du bon côté dans le but de terminer classé dans cette épreuve décidément hors-normes à tous les niveaux qu’est La Boulangère Mini Transat.